Pourquoi investir dans une fontaine à eau entreprise : 7 raisons incontournables
13 juin 2025Les différents types de fontaines à eau : guide pour bien choisir selon votre secteur !
25 août 2025Vendeurs d’eau ou marchands de sable ?
LES MINÉRAUX DANS L’EAU SONT-ILS BONS POUR LA SANTÉ ?
Savoir quelle eau boire est l’une des questions qui animent le plus les personnes sensibilisées à la qualité de l’eau. Parce qu’elle touche de façon intime à notre vie, tant en raison de l’importance de l’eau au quotidien (c’est l’aliment que l’on ingère le plus) que de son importance pour l’organisme. Par corollaire, la question de savoir si les minéraux que l’on peut trouver en quantité variable d’une source à l’autre ou d’une bouteille à l’autre sont une bonne ou une mauvaise chose s’avère une question assez sensible.
Le fait est, du point de vue biologique, que se maintenir en vie se résume pour une part à pouvoir s’hydrater ainsi qu’à se suppléer en minéraux et oligoéléments nécessaires au bon fonctionnement des cellules. Aussi l’apport en minéraux est-il un enjeu crucial du point de vue d’une bonne santé.
Or, deux points de vue s’affrontent en général sur cette question :
- d’une part celui soutenant que la présence de minéraux dans l’eau (comme c’est le cas d’un grand nombre d’eaux en bouteille) est bénéfique ;
- d’autre part celui soutenant que ces minéraux sont difficilement assimilables par l’organisme, et que par voie de conséquence il est plus approprié de consommer de l’eau faiblement minéralisée.
La difficulté, face à ces deux perspectives antagonistes, consiste à faire la part des choses. Aussi, puisque nous ne sommes pas spécialistes universitaires de la micronutrition, nos propos ici sont largement influencés par les recherches d’autres personnes, en particulier celles de Marc Henry, chimiste et physicien qui a consacré l’essentiel de sa carrière à élucider la complexité de l’eau – dont on défendra ici, pour une large part, le point de vue.
En particulier, ce qui est intéressant est que sa position n’est pas tranchée en faveur de l’une plutôt que de l’autre. Elle invite plutôt à adopter un point de vue nuancé, défendu par ses propres travaux en chimie cellulaire. Et cette posture nuancée qui est en fin de compte le véritable enjeu de cet article, à une époque où la plupart des débats s’efforcent systématiquement d’affirmer un point de vue à l’encontre d’un autre.
1 L’eau, une nouvelle source de polémique…
Les débats qui font rage sur la question des bienfaits ou de la nocivité des minéraux que l’on peut trouver au sein de l’eau que l’on boit a son point de départ dans les polémiques qui continuent aujourd’hui encore d’animer les scientifiques, biologistes et nutritionnistes. Celles-ci concernent en particulier la meilleure façon d’absorber les minéraux dont l’organisme humain a besoin pour être en bonne santé.
Ces minéraux sont essentiellement le sodium (qui a notamment pour fonction de réguler notre rapport au sentiment d’être déshydraté), le magnésium, le potassium, le calcium (dont on connaît bien l’utilité pour la croissance des os), le zinc, le cuivre ou encore le fer.
Si certains spécialistes parlent d’ions à leurs propos, c’est parce que tout sel minéral soluble est voué à être ionisé par le pH redoutablement acide de l’estomac.
Or, justement, la solubilité des ions métalliques diminue fortement dans la zone des intestins, où règne un pH beaucoup plus alcalin. Dans cet environnement, ces ions préfèrent se lier à d’autres espèces anioniques riches en électrons (généralement un ligand) – ce qui se produit souvent dès la partie de l’intestin grêle que l’on nomme le jéjunum. L’ion minéral se trouve alors séquestré dans des complexes très stables et surtout insolubles, ce qui en retour empêche toute absorption par les cellules intestinales par la suite.
Pour être absorbé par l’organisme, l’ion métallique doit donc être soluble dans le milieu intestinal. Or, c’est ce qui divise les partisans :
- d’une part affirmant que seule l’alimentation importe (alors que minéraux et oligoéléments dans l’eau sont inassimilables)
- et ceux d’autre part prouvant au contraire que certains minéraux, comme le calcium ou le magnésium, sont bien mieux absorbés par le biais de l’eau que sous forme d’aliments.
La tension du problème est renforcée par le fait que les partisans en faveur de l’absorption de minéraux par l’alimentation ont pour soutien les lobbys de l’industrie laitière ; tandis que les autres, en faveur de l’absorption des minéraux par l’eau, ont évidemment pour soutien les lobbys de l’industrie de l’eau en bouteille. Et l’interférence des enjeux financiers des lobbys tend évidemment à obscurcir les lignes de force du débat.
2 La zone grise de la vérité
De façon un peu banale cependant, on peut simplement résoudre le débat à partir d’une position nuancée : celle de ce que l’on peut désigner par la « zone grise de la vérité », laquelle évite l’une ou l’autre position tranchée.
Le fait est, en premier lieu, que consommer de l’eau complètement déminéralisée (ou déionisée) – que l’on obtient généralement par un procédé artificiel, comme la distillation – n’est en aucun cas conseillée sur le long terme. Non pas qu’un verre d’eau distillée peut être toxique, mais s’abreuver uniquement à ce type d’eau peut engendrer des carences en raison du mécanisme de l’eau de solvater tout ce qu’elle touche.
Par ailleurs, pour ceux qui soutiennent la mémoire de l’eau, la présence de minéraux et d’autres colloïdes est nécessaire pour lui permettre de se structurer durablement.
Pour autant, la peur de boire une eau très faiblement minéralisée (comme de l’eau osmosée) est parfaitement irrationnelle, et est bien sûr entretenue par les lobbys de l’eau minérale. Car il faut prendre en compte la fonction de détoxination de l’eau, qui consiste à emporter les déchets métaboliques (issus de l’activité cellulaire) pour les éliminer par les émonctoires du corps (les reins, puis la vessie).
Or, il faut que l’eau soit suffisamment dénuée d’éléments. C’est pourquoi Marc Henry préconise dans l’idéal que la minéralisation de l’eau ne devrait pas dépasser 50 mg/L de résidus à sec (qui est une mention obligatoire sur l’étiquetage des bouteilles). Au-delà de 100 mg/L, leur présence dépasse en effet la capacité normale du corps à les traiter et tend à fatiguer les reins – avec le risque de favoriser la formation de calculs. Et ce sans permettre à l’eau ingérée de réaliser sa fonction de détoxination.
Il faut par ailleurs raison garder. Car s’il suffisait de boire une eau riche en calcium et en magnésium pour satisfaire nos apports journaliers en minéraux, l’ostéoporose devrait être éradiquée depuis longtemps… ce qui est loin d’être le cas ! Or, pour ce faire, il faudrait absorber chaque jour entre 3 et 700 litres d’eau par jour selon certains minéraux (notamment le potassium, dont il faudrait ingérer plus de 3 grammes par jour…).
3 Notre condition d’hétérotrophes
On l’a évoqué dans le premier point de l’article, la vraie question au sujet des minéraux dans l’eau concerne leur absorption par les cellules du tube digestif. À ce titre, le fait que des minéraux soient présents en abondance dans de l’eau (ou un aliment) ne signifie absolument pas qu’ils seront disponibles pour l’organisme.
En effet, la membrane des cellules est constituée d’une bicouche lipidique dont la fonction est de réguler la diffusion des ions et des molécules à travers cette membrane. Aussi les parois du système digestif sont-elles imperméables aux minéraux.
Ce pourquoi nous sommes des êtres hétérotrophes : des êtres qui avons besoin de nous nourrir de matière organique, à l’inverse des autotrophes (les plantes) qui créent de la matière organique par le biais de matière minérale. Un état de fait enseigné en première année de médecine…
Ainsi, pour que les ions minéraux puissent traverser les membranes lipidiques des cellules, il faut que ceux-ci soient chélatés : c’est-à-dire que le minéral soit séquestré par des protéines qui constituent un ligand, lesquelles sont dégradées ensuite en peptides à bas poids moléculaire.
Cette séquestration forme un complexe qui est parfaitement biodisponible. C’est pourquoi les apports en minéraux sont majoritairement comblés par les aliments.
Il est toutefois possible d’absorber un ion minéral sans chélation, à condition qu’il soit de charge nulle, car l’espèce devient alors lipophile et peut traverser sans difficulté les bicouches lipidiques. C’est en particulier le cas du magnésium. Et c’est pourquoi les études prouvant que l’eau est un vecteur essentiel de minéraux pour l’organisme s’appuient sur cette espèce, dont la biodisponibilité exemplaire leur donne évidemment raison.
Certains pourront objecter que l’on peut trouver des minéraux chélatés dans l’eau. Cependant, les eaux en bouteille subissent un procédé d’aération pour éviter que les ions ferreux en présence d’oxygène ne forment au fond des dépôts rouges-brun à noirs, difficilement solubles. Or, ce procédé élimine aussi la plupart des complexes d’ions minéraux chélatés pour ne laisser que des minéraux faiblement assimilables…
4 Des eaux médicamenteuses plus que minérales !
Il ne faut pas pour autant adopter une posture qui réfute tout effet d’une eau fortement minéralisée. Car un certain pourcentage parvient toujours, malgré tout, à être absorbé, ainsi que l’atteste une étude utilisant des isotopes pour vérifier le cheminement des ions métalliques.
Cette absorption est due à une force de diffusion générée par la différence de concentration d’ions de part et d’autre des jonctions entre cellules (si bien que plus l’eau contiendrait de minéraux, plus ceux-ci auraient tendance à passer).
Mais leurs effets sur le corps sont difficiles à évaluer sur le long terme. Il faut en effet prendre en compte la complexité des relations d’antagonismes entre ions minéraux établies par le chercheur Dewayne Ashmead, laquelle montre que le fonctionnement en milieu intracellulaire des ions n’obéit absolument pas à une logique linéaire, au sens où pour répondre à une carence en calcium, il suffirait de se bourrer de cette matière.
Ce diagramme qui représente les différentes relations d’antagonismes entre les ions illustre à quel point il s’agit d’un casse-tête pour réguler les apports en minéraux. En particulier, on peut souligner parmi ces antagonismes celui qui oppose le magnésium au calcium, si bien qu’un apport trop important en magnésium peut conduire à créer une carence en calcium en perturbant le métabolisme de ce dernier – et donc à favoriser le développement de l’ostéoporose, qui est au cœur des inquiétudes concernant une eau trop peu minéralisée.
Dans cette même logique, il existe une relation antagoniste entre le cuivre et le fer. Ainsi, un excès d’apport en cuivre pour les cellules peut entraîner des anémies, alors même que du point de vue de l’alimentation, on ne retrouve aucune carence en fer.
À ce titre, il faut considérer les eaux très minérales davantage comme des médicaments que comme des compléments en minéraux faciles d’accès. Ce qui signifie qu’en consommer, pour réguler d’éventuelles carences dans l’organisme, devrait être suivi par des médecins ou des spécialistes en nutrition, dans le but d’éviter la création de carences faute de surveillance dans ce qui se trame en profondeur dans l’organisme…
5 Privilégier une eau acide ou alcaline ?
Ce point peut sembler ouvrir à un tout autre débat en marge de celui sur les minéraux. Or, l’un et l’autre sont pourtant intriqués, dans la mesure où l’un des facteurs clefs qui provoque la déminéralisation de l’organisme – en particulier la décalcification – est en réalité l’excès d’acidité au sein des cellules.
Mais croire que boire de l’eau alcaline est le remède idéal revient à se crisper sur une solution simpliste en ignorant comment fonctionne l’estomac, qui est le premier organe impliqué dans l’absorption des aliments.
En effet, si le pH varie dans l’estomac en fonction de l’activité digestive, celui-ci demeure toujours très acide : généralement entre 1 et 3 en raison de l’acide chlorhydrique qu’il sécrète. Ce qui rend en retour contreproductif l’ingestion d’eau alcaline pour la mission de l’estomac, qui devra alors compenser cette alcalinité…
Or, il faut savoir que plus le lumen stomachal est alcalin, plus l’absorption des minéraux s’avère réduite. En effet, l’acide chlorhydrique est nécessaire pour dégrader les protéines en peptides qui, eux, ont vocation à favoriser l’assimilation des minéraux.
Ainsi, plus l’acidité de l’estomac sera contrecarrée, plus il y aura ensuite dans les intestins de résidus de trop haut poids moléculaire pour traverser les parois intestinales.
C’est pourquoi, à contrario de ce qui se passe dans le milieu intracellulaire, tout manque d’acidité au niveau de l’estomac peut également se traduire par l’apparition de carences minérales.
Ce qui explique par ailleurs pourquoi on observe une meilleure biodisponibilité des minéraux contenus dans l’eau lorsqu’on mange en même temps ; puisque l’activité digestive augmente naturellement le pH de l’estomac.
À nouveau ici, il ne s’agit pas de diaboliser l’eau alcaline et de signifier qu’il faut l’éviter à tout prix. Tout du moins, on peut comprendre qu’à l’aune de la physiologie, la consommation d’eau fortement alcaline se révèle contre-indiquée du point de vue de l’absorption des minéraux. C’est pourquoi celle-ci ne devrait se faire que sur une période limitée dans le temps ; et en aucun cas de manière régulière.
*
* *
Au terme de cet article, on le voit, il s’agit avant tout de se méfier des postures idéologiques tranchées. À ce titre, ce modeste travail n’a aucune ambition de résoudre un débat de spécialistes qui continue d’évoluer au fil des recherches récentes. Cette difficulté, au-delà de l’influence des lobbys, découle par ailleurs de la complexité même du corps humain, qui empêche de réduire la question de l’apport en minéraux en une formule limpide.
Tout du moins, à l’aune des connaissances actuelles, non seulement en physiologie mais aussi en chimie – ce que la plupart des nutritionnistes ne possèdent malheureusement pas –, il convient de privilégier une eau aussi peu minéralisée que possible (avec un taux de résidus à sec inférieur à 100 mg/L). Et de veiller à nourrir ses besoins en minéraux par un mélange de toutes les espèces dont on a besoin, et sous une forme chélatée – par exemple avec l’eau de Quinton comme complément alimentaire complet.
Il existe bien sûr une directive établissant la conductivité électrique de l’eau du réseau à 200 µS/cm (c’est-à-dire environ 100 mg/L de résidus à sec) au sein de l’arrêté du 11 janvier 2007relatif aux eaux du robinet.
Mais il faut savoir que cette limite s’explique par le fait qu’en dessous de cette valeur, l’eau devient suffisamment « pure » pour dissoudre une partie des dépôts au sein des canalisations – souvent vétustes – avec le risque de rendre celles-ci encore plus fuyardes…
Or, il faut savoir que, depuis une étude réalisée en 2018, on estime que 700 milliards de litres d’eau potable sont perdus chaque année au fil des 850 000 kilomètres de canalisations qui trament le réseau d’eau en France. Ainsi, la limite stipulée par l’arrêté du 11 janvier 2007 dissimule-t-elle en réalité une tactique pour ne pas aggraver une situation en elle-même scandaleuse – surtout dans le contexte politique actuel d’austérité économique…